Flash du 30 juillet 2011 : Juillet pourri ?
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- Publication : vendredi 29 juillet 2011 09:23
- Écrit par : Philippe Mievis
Le mois de juillet 2011 se termine, avec l'impression, pour tout un chacun, d'avoir connu un mois de juillet complètement pourri.
Alors ? Impression subjective ou réelle vérité climatologique ? Voici quelques éléments de réponse.
Ce ne sont pas les juillettistes cette année qui nous contrediront : l'impression laissée par ce mois de juillet 2011 est tout, sauf estivale.
Les données cliimatologiques pour ce mois de juillet sont : 16.0°C de température moyenne, 140 heures d'ensoleillement et 55.6 mm (ou l/m²) en 20 jours.
Les normales prises sur les trente dernières années sont respectivement de 18.4, 200.7 heures et 73.5 mm en 14.3 jours. (Station de référence d'Uccle).
Vue d'un des lacs de l'eau d'Heure (la Plate-Taille), le 9 juillet 2011.
Le temps maussade de juillet aura fait déserter les touristes, comme un peu partout
en Belgique durant ce mois de juillet 2011.
Photo : Extrait d'une vue panoramique prise par Catherine Marique
Donc, oui, pour la température et l'insolation les valeurs sont déficitaires. Elle l'est d'ailleurs aussi pour les quantités de précipitations, et là, cela va en étonner plus d'un : oui, il est moins tombé de pluie ce mois de juillet 2011 qu'un mois de juillet normal ! Par contre, même si les quantités sont plus faibles que normalement, la fréquence des pluies a été plus importante que le moyenne. L'explication se retrouve plus bas.
Le mois de juillet a donc été maussade, la valeur de température peut être considérée comme exceptionnellement froide (phénomène égalé ou dépassé en moyenne tous les 30 ans) pour cette période 1981-2010 de référence. L'insolation est qualifiée de très anormalement basse (phénomène égalé ou dépassé en moyenne tous les 10 ans). Les précipitations sont normalement déficitaires pour leur quantité, anormalement élevées (phénomène égalé ou dépassé en moyenne tous les 6 ans) pour leur fréquence.
Ce qui est remarquable, c'est que si l'on prend la température moyenne de ce mois de juillet et que nous la comparons avec la moyenne de la période 1833-2010, cette valeur devient... normale (moyenne de cet intervalle : 16.9°C), ce qui montre bien le réchauffement climatique de ces trente dernières années.
Mais ce mois de juillet aurait bien pu être bien pire !
Même si on ne reprend que ces trente dernières années, 1980, 1988 et 2000 ont été pires : beaucoup plus frais (sauf 1988) mais aussi et surtout beaucoup plus arrosés que juillet 2011. Que dire aussi de ce mois de juillet 1841 où une moyenne de 13.4°C seulement a été enregistrée avec 136,7 mm de précipitations mensuelles, ou, autre exemple plus proche, en 1965, avec 14.4°C et 160.8 mm de précipitations !
Mais le pire restera sans doute l'été de 1816, année qualifiée d'année sans été dû à l'éruption volcanique en avril 1815 par le mont Tambora en Indonésie, éjectant dans les couches supérieures de l'atmosphère des quantités immenses de poussières volcaniques et d'aérosols sulfurés. Le climat de cet été fut tel que les récoltes furent quasi réduites à néant, mettant toute l'Europe en situation de famine.
Tout est donc relatif, donc, quand on compare notre juillet 2011 à côté de cela...
2011 |
2000 | 1988 | 1980 |
|
Température (18.4 °C) |
16.0 °C |
15.3 °C |
16.1 °C | 15.3 °C |
Insolation (200.7 heures) |
140 h |
92.1 h |
141.8 h |
120.1 h |
Précipitations (73.5 mm et 14.3 jours) |
55.6 mm en 20 j |
133.8 en 23 j |
139.2 en 23 j |
177.3 |
Tableau récapitulatif des juillets les plus frais depuis 1980 (station Uccle, source : IRM).
Entre parenthèses, vous sont proposées les valeurs saisonnières normales
(calculées sur la période 1981-2010) pour les différents paramètres.
Le climat de la Belgique est, et restera, un climat de type océanique, caractérisé par des hivers plutôt doux et des été plutôt frais. Des étés comme 2003 ou 1976 sont plutôt une exception qui confirme la règle.
Mais ce mois-ci, le placement des centres d'action était bel et bien anormal : notre anticyclone des Açores, qui a tendance a remonter en latitude durant l'été était plus proche d'une position qu'il prend en hiver, permettant aux dépressions de gagner notre pays, amenant grisaille et vent. La prédominance des dépressions sur nos régions se confirme par une moyenne mensuelle exceptionnellement basse de la pression atmosphérique en ce mois de juillet. Les précipitations furent donc de ce fait plus fréquentes que la normale, mais comme les orages furent moins fréquents ce mois comparé à la normale, les quantités de précipitations furent finalement inférieures aux normales, surtout pour le centre du pays; ce fut moins le cas pour d'autres régions du pays (comme le Limbourg), touchées à maintes reprises par des averses pluvio-orageuses.