Vigilance météo
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Climat d'antan : Décembre 1879, le plus spectaculaire des mois de décembre

Préambule

Dans le cadre de notre rubrique « Le climat d'antan », nous allons réanalyser en détail des épisodes météorologiques anciens et remarquables, en essayant d'expliquer en détail les causes et conséquences de ces épisodes, à raison d'une analyse par mois.
Quatrième volet de la série : décembre 1879, le plus spectaculaire des mois de décembre.

À noter que toutes les valeurs (température, insolation) et nomenclatures (nuages) sont – tant que faire se peut – homogénéisées ou converties, et donc comparables aux observations d’aujourd’hui.


Introduction

Décembre 1879 aurait été un rêve pour les hivernophiles d’aujourd’hui. Il est de loin le plus spectaculaire des mois de décembre, et aussi le plus froid de toute la série homogénéisée d’Uccle-Bruxelles, qui débute en 1833. Cependant, pour bon nombre de gens de l’époque, qui n’avaient pas la possibilité comme aujourd’hui de se protéger du froid, il s’agissait d’une période pénible. Mais moins pénible que décembre 1788 car les vents forts de nord-est, contrairement à 1788, ne concernaient qu’un nombre limité de jours en 1879. N’empêche. L’histoire la plus triste qu’on peut retenir de cet hiver-là est la petite fille de 8 à 9 ans qu’on a retrouvée morte gelée à Koekelberg (Bruxelles), parce qu’elle essayait de ramener un peu de charbon pour chauffer sa famille.

Voyons à présent en chiffres quelle a été la véritable intensité du froid de décembre 1879.

Avec une moyenne de –4,8°C, le mois de décembre 1879 est déjà le plus froid de la série de l’ancien Observatoire de Bruxelles, situé à Saint-Josse (1833-1890). Si l’on considère les périodes de 30 jours les plus froides, 1879 occupe la deuxième place. En fait, la période du 28 novembre au 27 décembre 1879 donne une moyenne de –5,3°C. Il n’y a que la période du 8 janvier au 6 février 1838 qui a été encore plus froide, avec une moyenne de –7,5°C.

Si l’on recalcule ces moyennes pour les ramener à ce qu’elles auraient été à Uccle, le mois de décembre 1879, avec –5,6°C de moyenne recalculée, reste le plus froid de toute la série homogénéisée d’Uccle – Bruxelles. La période de 30 jours la plus froide de 1879, en l’occurrence du 28 novembre au 27 décembre, avec –6,1°C de moyenne recalculée, occupe alors la troisième place du classement, ex-aequo avec 1956.

Ci-dessous, le classement des périodes les plus froides depuis le début des observations (série homogénéisée d’Uccle – Bruxelles).

 

La période de 30 jours la plus froide de l’hiver « légendaire » de 1984-1985, avec –3,5°C (29 décembre – 27 janvier), fait bien pâle figure devant ces chiffres. Notons encore le fait que la période de 30 jours de 1879 ne fait pas entièrement partie de l’hiver météorologique (décembre-janvier-février), ce qui rend cette période encore plus remarquable.

Nous ne disposons pas de suffisamment de données pour tenter d’établir une moyenne pour le terrible mois de décembre 1788. On peut toutefois raisonnablement estimer que la période de 30 jours la plus froide de fin 1788 doit se situer quelque part entre celles de 1838 et de 1895. On peut donc penser que décembre 1788 a été encore plus froid que décembre 1879.

Ailleurs qu’à Bruxelles, nous avons à notre disposition les minima et maxima moyens, pour 1879, d’un certain nombre de stations du réseau belge, ainsi que les extrêmes avec la date où ils se sont produits. Ci-après, un tableau qui reprend quelques-unes de ces données (en bleu, les stations françaises, voire allemandes à l’époque, comme Metz et Thionville).
 

Sur ce tableau, on remarque qu’en dehors de la région côtière, quelques grandes villes et zones industrielles connaissent également des minima moins marqués. On note aussi le froid extrême qui sévit sur la Gaume. La moyenne mensuelle y est inférieure à –10°C. On est là à quelques 2°C en dessous de février 1956 et à quelques 3°C en dessous de la période de 30 jours la plus froide de l’hiver 1963. Cela signifie qu’un tel froid en Gaume pourrait même avoir une période de retour de plus de 500 ans.

La température minimale du 10 décembre, de –27,5°C à Lamorteau, est tout à fait hors normes aussi. Et nous voyons que dans le nord-est de la France, la météo est parfois tout aussi extrême.


Adolph Gustav Schweitzer – Sunset in the Winter (1879)

À Paris, on parle également d’un mois de décembre exceptionnellement froid, mais il semblerait que là aussi, décembre 1788 ait été encore un peu plus froid.
Mais au fait, comment mesurait-on la température en 1879 ? 


Les méthodes de mesure de la température en 1879

En 1879, l’abri météorologique (ouvert) est déjà utilisé dans la plupart des stations du nouveau réseau météorologique, qui vient d’être installé (1877-1878). Seules les stations d’Ostende, d’Herentals, de Waleffe, de Liège, de Maaseik, de Chimay et de Lamorteau procèdent encore aux mesures avec un thermomètre accroché sur le mur nord d’un bâtiment.

Si l’utilisation ou non d’un abri, ainsi que la nature de cet abri, peuvent mener à de grandes différences en été, surtout par temps ensoleillé, ces différences restent faibles en hiver en raison du faible rayonnement indirect. Toutefois, pour rester au plus près des mesures telles qu’elles auraient été réalisées de nos jours, de légers correctifs sont appliqués aux données. Ces correctifs correspondent au correctif moyen utilisé par l’IRM au cours de périodes froides similaires en décembre et en janvier (série de 1892 à maintenant), en l’occurrence la période du 23 décembre 1892 au 21 janvier 1893, la période du 1er au 30 janvier 1940 et la période du 23 décembre 1941 au 21 janvier 1942. Ces périodes sont à leur tour confrontées aux mesures parallèles entre les deux abris entre le 1er et le 20 janvier 1985, entre le 3 et le 22 janvier 1987 et entre le 23 décembre 1996 et le 11 janvier 1997. Les froids de février ne sont pas pris en considération vu qu’en février, le rayonnement est déjà plus fort.

Sur la base de ce qui précède, les maxima sont réduits de 0,4°C, les minima sont augmentés de 0,2°C et les moyennes sont réduites de 0,1°C. Il s’ensuit que l’erreur pour les températures au jour le jour, après application de ce correctif, est souvent inférieure à ±0,3°C pour les minima et inférieure à ±0,4°C pour les maxima. En tout cas, l’erreur est rarement supérieure à ±0,5°C. En plus, comme toutes les températures sont arrondies au degré près dans le présent dossier (excepté dans les tableaux), ces valeurs peuvent être considérées comme correctes et comparables aux données d’aujourd’hui.

Il est à noter que ces correctifs ont déjà été appliqués à tous les exemples qui précèdent.

Pour corriger les données des températures mesurés sans abri sur le mur nord d’un bâtiment, c’est l’étude de Michel Beaurepaire qui sert de fil conducteur pour déterminer les correctifs. Comme cette étude, à peu de choses près, arrive aux mêmes résultats, en hiver tout au moins, que la comparaison entre les abris ouvert et fermé, le même correctif est utilisé ici pour ces données.

En France, c’est l’abri du modèle « Montsouris » qui est déjà largement répandu en 1879. Cet abri réagit à peu près de la même façon que l’abri ouvert belge, si bien que les mêmes correctifs sont appliqués pour le nord de la France. Pour le sud, où le rayonnement est un peu plus intense, les maxima sont corrigés de –0,6°C, et de –0,5°C pour le centre de la France.

En Allemagne, c’est l’abri anglais de Stevenson qui a pris le dessus, si bien qu’aucune correction n’est nécessaire pour ces stations. Quelques stations allemandes pratiquent la méthode de mesure dite « prussienne » (sur la façade nord d’un bâtiment, mais dans un petit abri spécifique). Les biais liés à ce type de mesure sont minimes et peuvent être négligés, surtout en hiver. Pour les quelques données suisses, utilisées notamment pour décrire les 4 et 5 décembre, il est à supposer qu’elles ont été réalisées sous l’abri suisse du modèle de Wild (« Wild’scher Hütte ») qui, en hiver tout au moins, ne présente que de faibles écarts par rapport aux abris modernes.


Décembre 1879 dans son cntexte

L’année 1879 est une année froide dans son ensemble. Avec une moyenne annuelle, recalculée, de 7,02°C, c’est même l’année la plus froide jamais observée à Bruxelles depuis 1833, et elle présente un écart de 1,76°C par rapport aux normales de l’époque (source : CLIMAT.BE).

Déjà janvier commence avec un important déficit thermique. Février est un peu plus doux, mais avec de la pluie presque tous les jours, voire une neige fondante particulièrement désagréable. Les épisodes plus hivernaux sont chaque fois de courte durée.

Le printemps est tout aussi décevant. Les quelques jours printaniers, ici et là, sont une bien maigre consolation.

Place de la Bourse (Bruxelles) en 1879, peinte par Ernest Blanc-Garin

L’été est « pourri ». Juin ne compte pas un seul jour d’été, il pleut souvent et le vent reste accroché au secteur sud-ouest. Juillet est pire encore : très gris et très pluvieux, et anormalement froid. Le 21 juillet, sous des pluies diluviennes et un vent à décorner les bœufs, le thermomètre n’atteint même pas les 13°C. Les deux jours suivants, il continue à pleuvoir, certes un peu moins fort, mais toujours avec des températures inférieures à 15°C. En fin juillet et début d’août, un petit semblant d’été nous fait enfin goûter à la chaleur (31°C le 3 août), mais sous un ciel partiellement nuageux et un air humide, lourd et orageux. Puis le temps perturbé nous revient, avec de la pluie presque tous les jours jusqu’à la fin du mois.

L’automne est frais, avec un thermomètre qui, après le 13 septembre, ne dépasse plus jamais 20°C. Il fait certes assez sec désormais, mais sous un ciel souvent nuageux. Octobre renoue avec la pluie, qui tombe en petite quantité mais fréquemment. Les derniers jours sont froids sous un ciel couvert et brumeux, avec un vent désagréable d’est à nord-est qui prélude déjà à l’hiver.

Moulins de Schaerbeek et d’Evere (Bruxelles) – Jules Dieudonné (1879)

En novembre, il refait temporairement doux, avec de la pluie des températures de 10 à 11°C certains jours, puis l’hiver nous tombe dessus dès le 20 novembre. Après quelques fortes gelées (–8°C au centre du pays, jusqu’à –15°C localement en Ardenne), Bruxelles se réveille sous la neige le 27 novembre, neige qui persistera, sous forme de plaques, jusqu’à la fin du mois. Le 29 au matin, un verglas spectaculaire couvre la capitale :

« Hier matin, il y avait un tel verglas dans les rues de Bruxelles que la circulation y était presque impossible. Qu’on en juge par ces 3 faits observées vers 5 ½ h., dans la courte section de la rue du Marché-aux-Poulets qui sépare l’entrée des Halles du point Central.

« Une dame, qui avait glissé du trottoir dans la rue, se releva péniblement du bord du trottoir et abaissa ses bas sous ses bottines pour se remettre debout.

« À dix pas de là, une jeune fille cramponnée aux saillies d’une vitrine s’était laissé tomber à genoux et criait au secours.
« Au milieu de la rue, un paysan tombé faisait des efforts impuissants pour se remettre sur pieds, devant une charrette de boucher arrivant au trot et dont le cocher ne parvenait pas à ralentir la marche de ses chevaux, patinant eux-mêmes de la façon la plus dangereuse. » (La Gazette de Charleroi)

Le 30 novembre, on signale de fortes chutes de neige en France. À Grenoble, la neige ne cesse de « tourbillonner en flocons serrés ». Au Havre, la circulation des tramways est interrompue. À Valenciennes, la couche atteint 30 cm. Et en toute fin de soirée, la neige arrive en Belgique aussi, comme par exemple à Tournai : « La circulation a été par moments très difficile dans nos rues : dimanche [30 novembre], vers minuit, la sortie du théâtre, où il y avait foule, a offert l’aspect le plus pittoresque ; on était comme bloqué : il fallait se frayer un passage en s’enfonçant jusqu’aux genoux ; on eût dit la retraite de Russie. » (La Gazette de Charleroi)

Le terrible hiver 1879-1880 est arrivé chez nous aussi.


Le mois de décembre en détail

1er décembre 1879
À Bruxelles, il n’y a encore que des traces de neige au sol. Il gèle avec des températures de –2°C le matin. Cette température ne dépasse plus 0°C en journée sous un vent qui se renforce graduellement. Le brouillard du matin se déchire en fractus et laisse place à un ciel voilé de cirrostratus, avec halo solaire. L’atmosphère reste quelque peu vaporeuse, avec un thermomètre qui baisse très fort en soirée. À minuit, il ne fait plus que –7°C.

À Tournai, la neige est tellement abondante qu’on dit que ça fait vingt-cinq ans qu’on n’a plus vu ça.

2 décembre 1879
Le vent a diminué, mais il fait très froid. Le matin, on a observé –10°C à Bruxelles, l’après-midi on ne dépasse guère –4 à –5°C. Des chutes de neige, à l’aube, ont blanchi la ville et le temps est beau, avec des fractus se transformant en cumulus l’après-midi, signe que l’air en altitude est très froid. Selon les réanalyses de la NOAA, la température au niveau 850 hPa se situe vers –12°C.

À Furnes, le matin, la température est déjà descendue jusqu’à –15°C !

3 décembre 1879
À Bruxelles aussi, maintenant, il fait glacial, avec –12°C le matin. En journée, le temps est très beau, avec juste quelques cirrus en matinée, mais le vent est mordant et on ne dépasse plus –5 à –6°C.
À Tournai, où l’épaisse couverture neigeuse est restée intacte, le thermomètre est descendu jusqu’à –18°C. Près de nos frontières, à Charleville-Mézières, les –20°C ont déjà été atteints, avec –21°C le matin et –9°C l’après-midi.

À Paris, après une matinée ensoleillée et très froide (–14°C à 8h, –11°C à 10h), le ciel se voile très fort l’après-midi et on observe les premiers flocons de neige. Une dépression très virulente est aux portes de l’Europe, et elle fera encore beaucoup parler d’elle. Dans un premier temps toutefois, elle reste camper au nord-ouest de l’Espagne.

Source : Annales du Bureau central météorologique de France

Sur l’ouest et le centre de la France, la neige tombe parfois déjà en abondance, avant que les éléments ne se déchaînent véritablement en soirée avec une tempête de neige en Bretagne, qui se propage ensuite la nuit vers le centre de la France. « C’est vers les dix heures, lisons-nous dans le Messager d’Allier, que la tempête a commencé, accompagnée d’éclairs. Nous ne savons encore dans quel rayon elle a sévi autour de Moulins [au nord de Clermont-Ferrand]. Mais elle a laissé dans notre ville de tristes traces de son passage. »

Au sud du 48e parallèle, on observe aussi du dégel en soirée, avec de la pluie.

4 décembre 1879
La dépression, avec un noyau à 979 hPa (735 mm), aborde la France avec son lot d’intempéries. Mais à Bruxelles, il ne se passe pas encore grand-chose. Sauf qu’il fait un froid de canard, –9°C le matin et –7°C l’après-midi sous un vent fort, insupportable, soufflant d’est à nord-est. Le ciel est blanchâtre, puis gris avec des cirrostratus évoluant lentement en altostratus opacus, le tout accompagné de quelques bancs d’altocumulus. On sent la neige, mais il ne neige pas encore. Tout au moins pas en journée. Le soir, une fine neige apparaît, puis des flocons qui tombent de plus en plus dru.

Source : Annales du Bureau central météorologique de France

Sur l’ouest et le sud-ouest du pays, c’est par contre une vraie tempête de neige qui se met à sévir. « Un vent terrible s’est élevé à cinq heures du soir, nous écrit La Gazette de Charleroi, nous apportant une véritable bourrasque de neige qui a continué toute la nuit. »

À Tournai, le train 19h23 pour Péruwelz doit rebrousser chemin tant la voie est obstruée de neige. Quelques deux heures plus tôt, un train se retrouve en détresse au littoral, entre Heist et Blankenberge, en raison d’un amoncellement de neige chassée par un vent fort. Deux autres trains, partis à la rescousse depuis Bruges, se retrouvent bloqués à leur tour. À Namur, la neige tombe en abondance et forme une épaisse couche au sol. Anvers, qui est touchée en dernier, reçoit à son tour une grande quantité de neige.

Sur la moitié nord de la France, c’est un ouragan de neige qui s’abat. Il faut savoir que la France connaît des contrastes thermiques exceptionnels. La dépression, sur son côté sud, aspire de l’air tropical très chaud pour la saison, qui subit en plus un effet de foehn en passant au-dessus des Pyrénées. Au pied de ce massif montagneux, sous un soleil radieux, les températures montent jusqu’à 20°C, comme par exemple à Perpignan, du côté est, et à Lescar (près de Pau) du côté ouest.

Cet air chaud, poussé par un vent de sud, se propage sur toutes les Landes jusqu’à Bordeaux, où il fait encore 18°C. Non loin de là, à Arcachon, « nous jouissons d’un temps vraiment exceptionnel. Jeudi, nous avons eu 20° au-dessus de zéro ». (Gazette d’Arcachon)

Carte élaborée par les soins de MétéoBelgique

(Petite parenthèse : ne vous étonnez pas de la forme un peu bizarre de la France sur son côté droit. Eh oui, en 1879, l’Alsace et la Lorraine appartenaient à l’Allemagne.)

L’air chaud en question, sur le centre de la France, remonte jusqu’à Clermont-Ferrand et Moulins, où il y a de belles éclaircies et des températures de 13 à 14°C. De Lyon, on nous signale un dégel rapide et un temps radieux, « on se croirait au printemps », écrivent les journaux de Lyon.

Le soir cependant, de Bordeaux à Dijon en passant par Clermont-Ferrrand, un ouragan épouvantable se déclenche, suivi d’une chute vertigineuse des températures. À Arcachon, où il avait fait si beau, la tempête occasionne des dégâts considérables, brisant des embarcations et démolissant même des constructions. Au centre de la France, à Moulins, le vent se déchaîne vers 22 heures, avec des éclairs. À Nevers, « une tempête effroyable de vent a duré presque toute la nuit dernière. On s’était couché en plein dégel, et, ce matin [5 décembre], la température a baissé considérablement. Les amas de neige dégringolant des toits, la rage de la bise, les persiennes et les contrevents non fixés battant la mesure, les tuyaux de cheminées et les cheminées aussi dégringolant, ont fait de cette nuit un vrai cauchemar. » (Le Patriote)

À Dijon, les intempéries n’arrivent qu’en milieu de nuit, « une tempête affreuse, qui s’est déclarée vers minuit, n’a cessé de régner tout le reste de la nuit et dure encore au moment où nous écrivons [5 décembre]. La neige tombe, et un vent violent passe par rafales, en soulevant des avalanches de neige. » (Le Bien Public)

Une énorme zone de précipitations s’est formée à la limite des deux masses d’air, avec de la pluie au sud et de la neige au nord. À Nantes, alors que le sol était encore entièrement recouvert de neige le matin, les précipitations se transforment soudain en pluie glacée vers 8 heures, pendant que le vent reste violent et froid. « Les communications télégraphiques sont interrompues. Un grand nombre de fils se sont rompus sous le poids du verglas ou se sont brisés dans la chute des poteaux qu’une violente tourmente a jetés par terre. Les arbres des jardins, surchargés par le verglas, ont eu leurs branches cassées ». (Le Temps)

Du verglas est également observé, entre autres, à Angers, à Tours, à Orléans et du côté d’Auxerre.

Plus au nord, c’est la neige ! À Paris, il ne cesse de neiger toute la journée, avec une couche de 22 cm au sol, mais bien plus là où il y a des congères. Au Mans, on mesure 26 cm, et 20 cm du côté de Caen.

Enfin à Cherbourg, c’est la mer qui est déchaînée et plusieurs navires sont en perdition. Notamment la goélette « Nuit » a fait naufrage. Par chance, là, on a pu sauver l’équipage.

5 décembre 1879
En Belgique, c’est le 5 décembre qu’on se réveille ébahi par la quantité de neige qui est tombée. À Tournai, on parle de neige arrivée en quantité énorme et de « congères de plusieurs mètres accumulées par un vent impétueux ». (Le Courrier de l’Escaut)

À Liège, les rues sont abondamment recouvertes de neige et impraticables. À Anvers, l’Escaut charrie des glaçons devant la ville et on parle aussi de grandes quantités de neige.

À Bruxelles, où la neige désorganise complètement le service du chemin de fer et où les routes y menant sont encombrée, la neige continue à tomber toute la matinée, accompagnée de vent fort par une température de –9°C, montant lentement à –6°C. L’après-midi est plus agréable, le vent diminue, le soleil brille entre les altocumulus et le thermomètre finit par atteindre –4°C.

Entre-temps, la dépression a traversé toute la France et aborde à présent l’Allemagne en faiblissant quelque peu (pression dans le noyau : 988 hPa ou 741 mm).

Source : Annales du Bureau central météorologique de France

Cela n’empêche pas un véritable blizzard de sévir encore sur presque toute la France. Notamment sur le centre de la France, les températures accusent une perte sèche. Alors qu’à Clermont-Ferrand, le thermomètre indiquait encore 14°C le 4 décembre à 12h, le 5 à la même heure, il ne fait plus que –1°C sous des giboulées de neige. Un peu plus au nord, à Nevers, la neige donne au paysage un véritable aspect polaire. On y évoque « une petite neige folle qui descend, monte, pénètre à travers les moindres fissures, sous les ardoises, sous les tuiles, et, dans certaines maisons, il y a autant de neige sur les escaliers, dans les greniers, que dans la rue. » (L’Émancipation)

À Tours, c’est à présent une masse de neige qui s’est abattue sur la ville. On dit que la hauteur moyenne de la couche est de 1 pied (environ 30 cm). Entre Orléans et Paris, c’est toute la Beauce qui est recouverte d’une épaisse couche de neige, et c’est vrai aussi pour le Poitou.

Dans les Ardennes, il neige déjà sans interruption depuis deux jours : à Charleville-Mézières, on a comptabilisé 14 cm de neige le 4 et 36 cm le 5.

À Lille, à la suite de la tempête nocturne, certaines congères s’élèvent jusqu’à deux mètres. Le train en provenance de Valenciennes est resté complètement bloqué peu avant son arrivée à Lille. « Les voyageurs ont dû passer la nuit en wagons, sous peine de se trouver engloutis sous les neiges, qui s’élevaient à deux mètres de haut. C’est grâce aux 200 hommes, que la 43e de ligne a bien voulu prêter pour la circonstance, que ce train a pu être dégagé. Les voyageurs ont beaucoup souffert, plusieurs se sont trouvés indisposés et ont dû, à l’arrivée, être transportés au buffet et dans les maisons voisines où ils ont reçu des soins empressés. » (Le Courrier de l’Escaut)

La côte entre Calais et Dunkerque, contrairement à la côte belge a été plus ou moins épargnée par la neige. C’est sans doute grâce à un léger dégel observé dans la région en journée. Malheureusement, le mauvais temps qui continue à sévir en mer engendre un nouveau sinistre maritime : l’échouement du trois-mâts « Eugénie-Léonie ».

Sur l’ouest de la France, les zones très maritimes connaissent aussi un dégel : Cherbourg et Brest affichent 5°C. À Ouessant, on monte même jusqu’à 7°C. Très temporairement, ce dégel se propage aussi vers l’intérieur des terres, jusqu’au Mans, mais avec peu d’effet en raison de la persistance des nuits très froides.

Le Midi de la France reste grandement épargné par l’hiver et le temps y est généralement beau, mais avec des températures qui ont souvent chuté de 5 à 7°C par rapport à la veille.

Cannes en 1879 – La Croisette et la Vieille Ville (auteur inconnu)

La Suisse, elle, se retrouve désormais dans la zone de conflit des masses d’air, présente la veille sur la France, et connaît de graves intempéries. À Genève, on observe +4°C le matin, mais plus que –2°C en début d’après-midi. La nuit, il y a eu successivement un orage de neige, un orage de grêle, une pluie diluvienne, à nouveau des éclairs et enfin une tempête épouvantable. À Berne, sous de forts coups de vent, la température monte jusqu’à 4-5°C le matin pour retomber à –3°C à la mi-journée. À Bâle, le contraste est plus fort encore : on observe 9°C aux petites heures et –4°C à la mi-journée, là aussi, avec un vent de tempête. À Belfaux, près de Fribourg, le vent est si fort, à 6 heures du matin, que le clocher de l’église s’effondre.

6 décembre 1879
La dépression, désormais sur l’Allemagne, s’est en partie comblée (1000 hPa ou 750 mm). En Suisse, elle occasionne encore parfois de la neige par vent fort.


Source : Annales du Bureau central météorologique de France

À Bruxelles, le temps s’est remis au beau, avec encore une petite instabilité de basses couches permettant la formation de cumulus. Quelques bancs d’altocumulus denses rendent le ciel temporairement plus nuageux. Le thermomètre, le matin, affiche –9°C et, l’après-midi, –2°C.

Un peu au sud de nos régions, il neige encore en début de journée. À Charleville-Mézières, dans les Ardennes Françaises, 15 cm viennent s’ajouter à la couche déjà présente au sol (50 cm). On peut donc penser que ces chutes de neige affectent aussi notre Ardenne à nous. En tout cas dans les environs de Namur, on parle de congères de deux mètres !

À Paris, les neiges qui tombent le matin sont résiduelles et le temps devient beau en journée, avec même un léger dégel (+2°C), très temporaire, lié à des vents de nord-ouest à nord qui apportent de l’air maritime. Ce dégel, tout aussi temporaire, est cependant plus marqué sur l’ouest de la France, avec +4°C au Mans. Mais dès le soir, l’hiver reprend de plus belle, en France comme en Belgique.

7 décembre 1879
Un vent faiblissant et un ciel dégagé au-dessus de la neige suffisent pour faire dégringoler les températures très bas. À Bruxelles le matin, le thermomètre affiche –13°C ! Ailleurs dans le pays, c’est encore beaucoup plus extrême. À Mons, on enregistre –17°C, tout comme à Zomergem dans la plaine flamande, au nord-ouest de Gand. À Wasseiges, non loin de Hannut, on frôle déjà les –20°C et en Gaume, à Lamorteau, on atteint… –26°C !

Le temps, après la dissipation des brumes matinales, est à nouveau beau, avec des bancs d’altocumulus en matinée. L’après-midi, la température remonte à –7°C, mais un vent glacial se lève, donnant l’impression qu’il fait beaucoup plus froid. Le soir et la nuit, par le brassage de l’air, la température remonte encore un peu, jusqu’à –5°C. Le ciel se couvre et il se remet à neiger.

8 décembre 1879
Une sorte d’encoche dans l’anticyclone, liée à un creux bien plus important en altitude, nous vaut à nouveau de très fortes chutes de neige.

Source : Annales du Bureau central météorologique de France

Cette fois-ci, on se trouve entièrement dans l’air froid, un air froid qui est à présent descendu jusque dans le Midi de la France, avec le matin –10°C à Montpellier, –8°C à Avignon et –6°C à Marseille.

À Bruxelles, il neige abondamment la nuit, neige qui persiste toute la matinée et qui tombe encore, sous une forme très fine, à midi. « Les rues sont à peine praticables ; vers le milieu, la neige amoncelée et refoulée des trottoirs forme des monceaux et des tranchées qui, à de certains points, sont sans exagération à hauteur d’homme. Tous les tramways, à peu près, ont interrompu leur service. Les omnibus faisant le service de la rue Teniers au Bois de la Cambre ont cessé, après d’inutiles efforts tentés par quatre de ces voitures. Le service entre les gares du Nord et du Midi a seul pu s’effectuer avec une régularité relative.

« C’est avec une peine inouïe que nos fiacres attelés de deux chevaux parviennent à se frayer un passage. Dans les petites artères la circulation des voitures est impossible, et c’est à peine si les piétons peuvent y passer. » Cela parle de Bruxelles, mais c’est publié, curieusement, par le Courrier de l’Escaut.

Guillaume Vogels – Enclos à Groenendael sous la neige (1879 ca)

À Namur aussi, la neige a continué à tomber toute la matinée et la ville en est entièrement encombrée. On dit que sur plus de trente ans, les Namurois n’ont plus jamais vu cela. En amont de Dinant, par ailleurs, la Meuse est complètement gelée. À Anvers, l’Escaut ressemble à un vaste champ de glace et une épaisse couche de neige obstrue les rues de la ville. À la côte, la circulation des trains est à nouveau très difficile en raison de la neige.

En France, on parle d’un second ouragan de neige dans le Bourbonnais. À Paris, 10 cm de neige se sont ajoutés à la couche déjà épaisse de quelques 25 cm.

Paris, peint par Lebourg en décembre 1879

La neige est également réapparue à Périgueux, et même Marseille est toute blanche.

À Bruxelles, les éléments se calment l’après-midi, le temps redevient beau bien qu’un peu laiteux et les températures rebaissent. Après les –5°C sous les chutes de neige, le thermomètre atteint –7°C l’après-midi, –9°C en début de soirée et –12°C vers minuit. Bruxelles, et toute la Belgique d’ailleurs, s’apprêtent à vivre l’une des nuits les plus froides de leur histoire.

9 décembre 1879
Le temps est parfaitement glacial. Le matin, on relève –17°C à Bruxelles, –21°C à Mons et à Gand, –23°C à Gembloux, –24°C à Zomergem et… –27°C près d’Ath, à Lens pour être précis !!

Près de nos frontières, le thermomètre descend jusqu’à –23°C à Charleville-Mézières, et –20°C à Thionville et Metz. À Saint-Maur, près de Paris, le thermomètre descend jusqu’à la valeur incroyable de –24°C. Mais là, on n’est même pas encore au plus froid.

En journée, le temps est splendide, tant à Paris qu’à Bruxelles. Dans cette dernière ville, il y a juste un peu de brume qui persiste, avec un maximum qui ne dépasse pas –8°C.
En soirée, le vent augmente à Bruxelles et, par –10°C à –11°C, la sensation de froid devient extrême. Au sud du pays par contre, le temps reste calme et serein.

10 décembre 1879
Justement en raison de ce temps calme et serein, il fait plus froid encore que la veille au sud du pays. Les minima sont de –20°C à Namur, –21°C à Chimay, –22°C à Dinant, –23°C à Neufchâteau et –27°C à Lamorteau tout comme à Salm-le-Château (Vielsalm). De l’autre côté de la frontière, on mesure –27°C aussi à Charleville-Mézières et –23°C à Thionville. À Saint-Maur, on descend à –25°C et à Paris même, avec –24°C au Parc Montsouris, il fait à peine moins froid. Cette température reste jusqu’à nos jours la plus basse jamais observée dans la capitale française.

Le temps qui se gâte à Bruxelles y fait remonter la température sous un vent soutenu de sud-ouest, qui ne se calme qu’en après-midi. Le ciel est couvert et il reneige un peu. En soirée, avec la quasi-disparition du vent, un épais brouillard se forme. La température, au cours de toute l’après-midi et soirée, reste proche de –5°C.

11 décembre 1879
L’hiver semble s’essouffler. Un anticyclone, s’étendant de l’Écosse au sud de l’Allemagne, donne à l’air une petite composante maritime. En surface, un vent souffle faiblement d’ouest à sud-ouest et le temps bruxellois est le plus souvent gris, avec un brouillard coriace et encore quelques flocons de neige le matin. La température, bien moins rigoureuse, atteint –5°C le matin et –4°C l’après-midi. À Maaseik par contre, il faisait encore –14°C le matin.

12 décembre 1879
C’est le dégel ! Avec un vent faible qui reste orienté au sud-ouest, il fait particulièrement gris sous un brouillard épais, qui temporairement se transforme en stratus. En début d’après-midi, la température passe au-dessus de zéro et on observe même quelques gouttes de pluie. Pendant toute la soirée, il fait +2 à +3°C ! « À Bruxelles le temps a changé. Le dégel qui s’annonçait dès hier s’est accentué aujourd’hui. L’enlèvement des neiges étant loin d’être complètement opéré, les rues menacent de se transformer en lacs de boue. Ce soir la pluie tombait, jusqu’à présent une petite pluie. » (L’Indépendance Belge)

13 décembre 1879
En toute discrétion, le vent faible se remet à souffler de l’est. Un stratus particulièrement monotone couvre le ciel bruxellois tout au long de la journée. Dès 5 heures du matin, la température redescend en dessous de zéro. L’après-midi, on reste proche de –3°C et le soir, le thermomètre chute déjà à –5°C. L’hiver s’apprête à revenir en force, mais en venant d’un côté inattendu.

Du 14 au 27 décembre 1879
Des hautes pressions persistantes en altitude emprisonnent littéralement un anticyclone thermique très froid dont le noyau, très puissant, reste en moyenne positionné sur l’Europe centrale. Un pôle de froid, formé sur le sud de l’Allemagne, s’y auto-entretient pendant près de deux semaines, avec des températures parfaitement extrêmes.

À Munich, les températures minimales sont particulièrement basses et se situent presque constamment entre –15 et –25°C. Certains jours, même les maxima restent inférieurs à –15°C. Le 16 décembre par exemple, on observe –25°C le matin et –19°C l’après-midi.

16 décembre 1879. Source : Annales du Bureau central météorologique de France

Plus au nord, à Nuremberg, les températures sont à peine moins basses et ce froid rayonne vers nos contrées, où le gel intense nous retombe dessus. C’est le sud du pays qui est le plus frappé par ce retour du froid. En Gaume, à Lamorteau, la température redescend maintes fois en dessous de –20°C avec des maxima qui, parfois, n’atteignent même pas –10°C. « Des animaux (poules, chèvres, etc.) sont trouvés morts de froid ; la bière, le vin gèlent ; des murs, des façades se crevassent… » (A. Lancaster)

À Charleville-Mézières, situé à une dizaine de kilomètres de nos frontières seulement, la température redescend à –19°C dès le 14 décembre, pour un maximum de –12°C ! Le 16 décembre, il fait plus froid encore, avec –22°C le matin et –15°C l’après-midi, et –23°C le matin suivant. Pendant douze jours consécutifs, du 14 au 25 décembre, la température est inférieure à –15°C la nuit.

À Thionville, non loin de notre Gaume, il fait froid surtout en fin de période, avec un minimum de –20°C le 22, un maximum de –15°C le 24 et un minimum de –19°C le 25. Un Noël bien froid, il faut dire !
À Bruxelles, les –7°C observés le 14 décembre à 9 heures nous annoncent la couleur. À partir du 16, on retombe sous la barre des –10°C, avec dès lors six jours particulièrement froids pour le centre du pays. Six jours de gelées permanentes, avec chaque nuit des températures de –10°C ou moins. Le 17, on descend jusqu’à –14°C. Le temps, pendant cette période, est le plus souvent ensoleillé, mais sous un ciel blafard, pâli par la brume sèche, voire le brouillard humide qui, parfois, a du mal à se dissiper. Les nuages, par contre, sont très rares, quelques cirrus tout au plus.

La compression par subsidence, liée aux très hautes pressions, échauffe l’air en altitude, si bien qu’au niveau 850 hPa, d’après les réanalyses de la NOAA, la température repasse au-dessus de 0°C dès le 15 décembre. Dans ce dôme d’air doux qui se trouve au-dessus de nos têtes, la température continue à monter pour osciller, le plus souvent, entre +2 et +4°C au niveau 850 hPa. Comme on peut raisonnablement estimer que cet air doux finit par descendre jusqu’à quelques 500 mètres d’altitude environ, des températures de +10°C ne sont pas exclues à ce niveau. Nous nous retrouvons donc sous un régime d’inversion extrême.

Notamment dans la partie sud du pays, où les minima flirtent encore avec les –20°C, la différence de température entre la surface et quelques centaines de mètres de hauteur peut avoisiner les 30°C. Et même en journée, cette différence reste quelquefois supérieure à 20°C. Inutile de préciser la quantité de poussière, et parfois aussi de vapeur d’eau (brouillard), qui reste coincée dans cette mince couche d’air froid.

Ambiance d’une inversion en hiver, avec stratus fractus. Peinture : Théodore Lavigne (sans date)

Quelques stations situées en moyenne montagne nous le prouvent. À Munich (529 m), le 16 décembre à 14h, on relève –19°C. Au même moment au Hohenpeißenberg (995 m), situé à quelque 60 km au sud-ouest de Munich, la température atteint +2°C. Quelques jours plus tard, le 24 décembre, toujours à 14h, on observe –10°C à Munich et +5°C au Hohenpeißenberg.

On retrouve ce type de phénomène aussi en France. Au pied du Puy-de-Dôme (388 m), la température, le 21 décembre au petit matin, est de –14°C et remonte temporairementà +4°C l’après-midi grâce à une résorption partielle de l’inversion. Au sommet du Puy-de-Dôme (1467 m), il ne gèle à aucun moment ce jour-là, le minimum est de +3°C et le maximum, de +8°C. À mi-hauteur du Puy-de-Dôme, entre les 700 et les 1000 mètres d’altitude, il est tout à fait possible que les températures aient largement dépassé les 10°C durant l’après-midi.

À basse altitude donc, avec toute la quantité de neige tombée au début du mois, tous les ingrédients d’un Noël blanc sont présents. Le 24 décembre au matin, à Bruxelles, la température descend jusqu’à –7°C. Et l’après-midi, à l’Observatoire situé au Botanique, la température dépasse légèrement le zéro, même pas un petit degré, pendant une heure ou deux. Mais dans le centre très urbanisé de la ville, la température monte plus haut et la neige se retrouve en piteux état. « Le dégel continue. Aujourd’hui encore le thermomètre s’est maintenu au-dessus de zéro. N’était-ce que cette neige qui commence à se changer en une boue noirâtre chargée d’immondices de toute nature, les promenades seraient fort agréables ; le soleil brille et le vent ne vient importuner personne. » (L’Écho du Parlement)

Comme Noël blanc, on a déjà connu mieux, à Bruxelles. Mais dans les campagnes, la neige demeure intacte et on connaît encore quelques nuits très froides.

28 décembre 1879
Le 28 décembre, l’anticyclone recule et change de forme, et cède la place à des courants océaniques de sud-ouest.

Source : Annales du Bureau central météorologique de France

Le matin est particulièrement froid pour le ressenti. À Bruxelles, sous un vent déjà soutenu de sud-sud-ouest, la température est encore en dessous de zéro, avec –2°C à 6 heures. Au sud du pays, la journée commence même encore avec des températures inférieures à –15°C. Mais ensuite, le dégel se propage rapidement. À Bruxelles, il fait 2 à 3°C l’après-midi sous un vent à présent fort, et il se met à pleuvoir dès 16 heures.

À Tournai aussi, la température est remontée au-dessus de zéro. « Le dégel nous est enfin arrivé et avec lui, tous les désagréments qu’il apporte. Une boue noire et épaisse, dans laquelle on patauge jusqu’à la cheville, couvre nos rues ; de véritables avalanches de neige tombent du haut des toits et l’eau tombe en abondance dans les gouttières. » (Le Courrier de l’Escaut)

En Écosse pendant ce temps-là, le temps est déjà parfaitement océanique, avec une tempête d’une rare violence qui provoque la catastrophe du pont de la Tay. On estime les rafales à 180 km/h et treize travées du pont ferroviaire, sur une longueur de près d’un kilomètre, s’effondrent, précipitant un train entier dans les flots. Sur les 75 personnes présentes dans ce train, pas une ne survécut.

Pont de la Tay avant et après la catastrophe

29 décembre 1879
Chez nous, le dégel se poursuit, mais malgré le vent fort de sud-ouest, la température ne décolle pas encore vraiment et reste coincée à 5°C. Il pleut mais les fractus sont peu nombreux, un stratus bas, très uniforme et typique du dégel, s’est formé en dessous du nimbostratus.

30 décembre 1879
Notre pays se retrouve à l’arrière d’un front froid. Les cirrus et cirrostratus se dégagent, de très belles éclaircies apparaissent en matinée, avec une accalmie passagère du vent. Mais bien vite, les rafales reprennent et des cumulus se forment, avant de buter contre une couche de stratocumulus. Aucune averse ne parvient à se former. Ça reste le dégel, mais les températures ne font pas de grands bonds, et sous le vent, l’impression reste froide et désagréable.

Sur le nord de la France, le temps est plus doux, mais beaucoup plus instable. Une trombe marine se forme au large des côtes du Cotentin, puis pénètre en oblique à l’intérieur des terres (WNW – ESE) sur cinq kilomètres, de Saint-Georges-de-la-Rivière à Port-Bail, et se transforme en véritable tornade, très puissante pour la saison et occasionnant pas mal de dégâts.
En Allemagne, le froid s’en va aussi : désormais même à Munich, il ne gèle plus.

31 décembre 1879
La Belgique a enfin retrouvé son climat. Sous un vent de sud-ouest toujours fort et un nimbostratus couvrant tout le ciel, il pleut tout au long de la journée, parfois même assez fort. La température, l’après-midi, atteint 6 à 7°C, avant qu’une portion d’air encore plus doux ne nous atteigne en soirée, accompagné de fortes rafales. Localement en Flandre, on atteint les 10°C, sinon il fait 9°C un peu partout, sauf sur les hauteurs, où la température monte moins haut (par exemple 6°C du côté de Houffalize).

Début janvier 1880
Le dégel apporte à son tour son lot de misères. Sur la Sambre, « d’énormes blocs de glace transportés sur les terres ensemencées amèneront des dommages sérieux pour la récolte. Des épaves de toutes sortes roulent dans les flots, poutres, planches de toutes sortes, et sont déposées pour la plupart dans les prairies au-dessous de Marcinelle. Plusieurs usines ont été inondées et obligées de suspendre le travail. [… ]

« Les affluents de la Sambre ont également débordé. L’eau d’Heure, qui se transforme si souvent et si vite en un torrent dangereux, n’a pas failli cette fois à sa terrible réputation. Depuis Cerfontaine jusqu’à Marchienne, tout est inondé, et les nombreuses usines qui se trouvent sur les rives sont réduites au chômage. À Ham-sur-Heure, la commune tout entière est sous eau, toutes les communications sont interrompues. La ligne de chemin de fer entre Verves et Vireux a été submergée, et, sur certains points, le talus et la voie ont été emportés par les eaux.

« Mais c’est encore la Province de Liège qui a le plus souffert. En aval de Liège, ce pays ressemble à un immense lac. L’Ourthe, sortant de son lit, a submergé beaucoup de localités. » (L’Indépendance Belge)

Ce dégel, avec encore des températures très douces les 1er et 2 janvier, ne durera pas longtemps. Dès le 6, le froid nous retombe dessus, si bien que janvier 1880 sera considéré à son tour comme un mois d’hiver froid, même si ce froid est bien moindre que celui de décembre 1879.

Janvier 1880, entre dégel et gel. Peinture : Pierre Tetar Van Elven 


Conclusion

Cette vague de froid, bien qu’originaire des pays septentrionaux, s’est surtout développée et auto-entretenue non loin de chez nous, en l’occurrence sur l’est de la France et le sud de l’Allemagne. De là, le froid s’est mis à rayonner vers le restant de la France, le Luxembourg et la Belgique d’une part, et vers la Suisse et l’Autriche d’autre part.

Sur le nord de l’Europe, le froid n’a été intense que les premiers jours de décembre. La position particulière de l’anticyclone froid, déterminée en partie par la circulation atmosphérique en altitude, a fait en sorte que des courants de sud-ouest, acheminant de l’air océanique très doux, ont pu rapidement se mettre en place aux hautes latitudes.

16 décembre 1879 – Bureau météorologique central de France

La Norvège est aux premières loges pour se retrouver dans cet air doux. Pendant que l’Europe occidentale et centrale grelotte de froid, c’est le dégel complet à Bodø, pourtant située au-delà du cercle polaire. Il n’y gèle pratiquement plus entre le 12 et le 24 décembre, avec une température qui, dans la pénombre des jours polaires en hiver, monte jusqu’à 7°C le 14 décembre. À Ålesund, situé à plus de 62° de latitude nord, le thermomètre monte même jusqu’à 11°C le 15 décembre. Le 16 décembre, c’est au tour du sud de la Norvège de dépasser les 10°C tandis que le 23 décembre, on monte à nouveau à 11°C, cette fois-ci à Ullensvang, à quelques 60° de latitude nord.

En Suède aussi, malgré un climat plus continental, on connaît des périodes de dégel, notamment du 15 au 17 et du 23 au 25 à Stockholm (maximum de 5°C le 16 et de 6°C le 25). À Stensele, situé au nord de la Suède, tout le mois de décembre est de 2°C trop doux par rapport aux normales de l’époque (1879 : –9,9°C ; normale 1871-1900 : –11,9°C).

Plus près de nous, aux Pays-Bas, l’hiver est bien moins rude qu’en Belgique. Selon la série homogénéisée de C. J. Labrijn pour le centre des Pays-Bas, la moyenne de décembre 1879 est de –3,5°C et vient loin derrière les –4,8°C de décembre 1890, celui qui a donné le titre au roman de Herman de Man : « De barre winter van negentig ».

À Utrecht en 1879, l’hiver frappe d’abord très fort avec, notamment le 4 décembre (le jour où il fait +20°C au pied des Pyrénées), un vent d’est à nord-est à décorner les bœufs et une température qui ne dépasse pas –8°C au meilleur moment de la journée. La nuit du 8 au 9 est ensuite remarquable avec –17°C, mais après, de régulières infiltrations maritimes empêchent la température de descendre trop bas. Certains jours, par vent de sud ou de sud-ouest, le thermomètre dépasse même légèrement le zéro degré.

L’hiver un peu plus modéré aux Pays-Bas – Peinture : Louis Apol (1879)

À Hambourg, dans le nord de l’Allemagne, on assiste à peu près au même scénario. Le climat est très froid jusqu’au 9 décembre, ensuite des infiltrations maritimes tempèrent le gel et par moment, la température dépasse là aussi la barre du zéro degré. Et cela vaut jusqu’à Berlin, où décembre est bien moins froid qu’on aurait pu le penser.

De l’autre côté, une petite frange sud de la France échappe aussi en grande partie aux rigueurs de l’hiver. Plus particulièrement la Côte d’Azur est à l’abri, avec juste quelques très brèves incursions hivernales. « Le Progrès de Nice nous apprend que pendant que la neige tombait à Lyon, à Paris, en Italie même, les heureux habitants de Nice se promenaient avec une ombrelle à la main pour se garantir des rayons du soleil » (La Meuse). Entre le 16 et le 28 décembre, les maxima y oscillent constamment entre 11 et 13°C. À Cannes, il fait bien plus doux encore, avec 16 à 18°C pendant six jours consécutifs, du 21 au 26 décembre.

À Avignon toutefois, il fait déjà bien plus froid avec, entre le 16 et le 28 décembre, des maxima souvent voisins de 7°C (9°C le 23), et des gelées toutes les nuits, avec des températures souvent comprises entre –3 et –5°C.

Enfin, au sud des Alpes du côté suisse, le froid est présent, mais modéré, avec des températures peu inférieures aux normales saisonnières.


Et si cela se reproduisait aujourd'hui ?

Que se passerait-il, si une situation similaire se reproduisait aujourd’hui ? Personne ne le sait exactement. Dans cette partie du dossier, nous travaillons sur des hypothèses, élaborées sur la base de ce qu’on sait du réchauffement climatique, tout en gardant à l’esprit les zones d’incertitude qui sont liées aux paramètres encore inconnus de ce même réchauffement climatique.

Penchons-nous d’abord sur la circulation atmosphérique globale de décembre 1879. Est-ce possible qu’elle se remette en place sous cette forme ? Oui. Il n’y a rien qui l’empêcherait. Pour 1879, les réanalyses de la NOAA (il n’existait pas encore de sondages atmosphériques à cette époque) suggèrent dans un premier temps une forte ondulation du courant général sur nos régions, avec des vents de nord en altitude, entre une crête sur l’Océan et un profond creux, rempli d’air froid, sur le Continent. En date du 3, une petite goutte froide se détache du flux général et se développe au nord-ouest de l’Espagne avant de migrer les Îles Britanniques et de se rattacher à nouveau au creux principal.

En surface, une dépression suit ce même parcours, juste un peu plus au sud, puis se comble au moment où la goutte froide se fond au creux principal.

Nous revenons alors pendant plusieurs jours au point de départ, une crête sur l’Océan et un creux sur le Continent. Plus tard, la crête se rapproche de plus en plus de nos contrées tandis que le creux s’éloigne vers l’est. Vers le milieu du mois, la configuration évolue en « high over low », puis petit à petit, les hautes pressions (chaudes) en altitude recouvrent une grande partie du continent européen, emprisonnant littéralement l’anticyclone (froid) en surface, d’origine thermique. Une situation particulièrement stable, qui va perdurer tout un temps. Ce n’est qu’en fin de mois que ces hautes pressions d’altitude se retirent à nouveau vers le sud, ouvrant enfin la porte à une circulation zonale.

Dans tout cela, rien ne nous paraît inconnu de nos jours. Que du contraire. De telles situations de blocage sont même devenues plus fréquentes et n’ont désormais plus le caractère exceptionnel qu’elles avaient en 1879. Une configuration atmosphérique qui ressemble à celle de 1879 peut dont parfaitement se reproduire, et a même de meilleures chances, à présent, de se reproduire.

Par contre, les caractéristiques des masses d’air en présence jadis ne sont plus les mêmes aujourd’hui, pas au niveau des températures, et encore moins au niveau des précipitations. Si l’on considère l’évolution à Bruxelles, selon la courbe « lissée » de CLIMAT.BE (graphique rose), les températures ont augmenté de quelques 3°C depuis 1879.

L’année 1879 a présenté elle-même une moyenne annuelle recalculée de 7,02°C (graphique bleu), pour une « normale » de 8,78°C (graphique rose). Cette normale est d’ailleurs restée longtemps très stable, de 1833, année du début des observations, jusque peu avant la fin du 19e siècle.

Source : CLIMAT.BE

À ce moment-là, la température de Bruxelles a commencé à monter, d’abord lentement, puis fortement à partir de 1975 environ. En 2024, la « normale » était de 11,72°C, avec une hausse moyenne de 0,04°C par an. En 2025, la normale devrait donc se situer à 11,76°C soit, à un chouilla près, à 3°C au-dessus de ce qu’elle était en 1879. Et cette tendance s’observe dans toute l’Europe occidentale.

Cependant il existe des nuances au niveau des masses d’air. La masse d’air qui s’est le moins réchauffée, en dépit des records récents observés dans l’Atlantique, est la masse d’air océanique d’ouest ou de sud-ouest. Celle qui s’est le plus réchauffée est la masse d’air tropical direct, qui passe au-dessus de la Méditerranée et qui se dessèche ensuite par effet de foehn sur les Pyrénées. Il faut savoir en effet que la Méditerranée, souvent fortement réchauffée par les canicules estivales extrêmes de ces dernières années, maintient de façon récurrente une température de l’eau tout à fait hors normes en automne et en hiver. Ce qui fait que cette masse d’air, surtout en Espagne et en France, peut désormais être de 5 à 6°C plus chaude que ce qu’elle était avant. Les records à répétition de la température au pied des Pyrénées nous le montrent, et plus encore la virulence des épisodes méditerranéens ou cévenols dans les zones sensibles à ce type de phénomène.

Alors, en considérant tous ces changements, nous allons essayer de deviner à quoi ressemblerait une situation à la décembre 1879, si elle venait à se reproduire maintenant.

La première phase nous ferait encore grelotter aujourd’hui. Même avec 3 ou 4°C en plus, la température resterait nettement en dessous de zéro, même en journée, et avec le vent fort et turbulent de nord-est, le froid serait perçu par nos contemporains comme insupportable.

Les choses vont se corser avec la dépression qui traverse la France. Formée sur un Océan à présent plus chaud, le potentiel de précipitations serait déjà plus élevé dès le départ. En plus, des contrastes plus marqués entre un air méridional beaucoup plus chaud (+5°C) et un air polaire un peu moins froid (+3°C) augmenterait encore la gravité des coups de vent et l’intensité des précipitations, avec à la clé des dégâts incommensurables.

Voyons cela plus en détail. Au pied des Pyrénées, les températures ne seraient plus de 20°C, mais de 25°C, et presque tout le Midi de la France connaîtrait des températures supérieures à 20°C ce qui, même là, serait énorme pour un mois de décembre. Ces 20°C, d’ailleurs, remonteraient sans doute jusqu’à Lyon et Clermont-Ferrand.

Un temps tempétueux et extrêmement pluvieux se manifesterait juste au sud de la perturbation, tandis que la zone de pluies verglaçantes se décalerait vers le nord et viendrait se loger juste au sud de Paris, voire même affecterait la capitale française.

Le nord de la France resterait dans le gel, mais avec des températures plus proches de zéro qu’en 1879 et des chutes de neige encore plus énormes. Ces chutes de neige extrêmes concerneraient d’ailleurs massivement la Belgique, avec sans doute plus de 50 cm en 24 heures sur de très nombreuses localités. Le danger d’une neige lourde est également présent, avec des températures proches, voire légèrement supérieures à zéro dans certaines couches de l’atmosphère. Sur l’ouest de la Belgique, c’est en surface que les températures pourraient dépasser le zéro, mais au vu de l’intensité des précipitations, ce serait là aussi de la neige lourde plutôt que de la pluie.

Une neige lourde, cela signifie un gros risque de toits qui s’effondrent, plus particulièrement les grands toits plats des supermarchés, de certaines galeries commerçantes, de certaines industries et de certaines écoles. Sans oublier que la vie économique serait de toute façon paralysée pendant des jours et des jours, avec de nombreuses victimes comme conséquence directe ou indirecte.

Le jour où cela ne se produira pas qu’en Suisse.
Photo : D. Gerstgrasser, MeteoSchweiz

La dernière phase de la vague de froid, en raison de la plus grande « solidité » qu’auraient les situations de blocage aujourd’hui, risquerait de durer plus longtemps et produirait à la longue des températures presque aussi froides qu’en 1879 aux endroits exposés.

Enfin, le dégel finirait par venir un jour ou l’autre, de façon plus brutale car l’air océanique serait plus doux et, avec les pluies plus fortes et les quantités de neige fondante plus grandes, le risque d’inondations catastrophiques et inédites n’est pas à sous-estimer.

Bon, il ne s’agit là que d’hypothèses, mais qui montrent bien que le réchauffement climatique ne nous met pas du tout à l’abri de phénomènes hivernaux surprenants… et catastrophiques !

Et dans le futur ? La plupart des scénarios tablent sur la poursuite du réchauffement, en Europe comme ailleurs, avec une intensité qui dépendra de nos émissions de gaz à effet de serre. Un scénario minoritaire, mais pas improbable, prévoit une diminution plus ou moins importante du Gulf Stream, avec comme conséquence, chez nous, un ralentissement du réchauffement climatique, voire même une inversion de la tendance, qui ferait évoluer une partie de l’Europe dans le sens contraire du restant du monde.

Une évolution plausible serait alors un refroidissement de l’Europe du Nord pendant que la Méditerranée poursuivrait son réchauffement. En Belgique, il y aurait alors une sorte de statu quo, avec des moyennes thermiques annuelles qui ne bougeraient plus beaucoup. Mais cela ne signifie nullement que notre climat ne changerait pas. Nous allons nous retrouver confrontés à de nouveaux contrastes thermiques et de nouvelles perturbations dont le comportement est imprévisible.

Répétons-le : nous ne sommes absolument pas à l’abri de phénomènes hivernaux marqués, ni aujourd’hui ni demain, seulement ces phénomènes prendront une forme différente de celle de nos hivers d’antan.


Sources

- Site « CLIMAT.BE »
- Ciel et Terre : « Il y a 100 ans, décembre 1879 » avec reproduction d’un texte ancien d’A. Lancaster
- Annales de l’Observatoire Royal, années 1879 et 1880
- Annales du Bureau central météorologique de France, année 1879
- Beobachtungen der meteorologischen Stationen im Königreich Bayern, 1879
- Meteorologische Beobachtungen in Deutschland von 18 Stationen II. Ordnung, 1879
- Schweizerische meteorologische Beobachtungen, Sechzehnter Jahrgang, 1879
- Jahrbuch des Norwegischen meteorologischen Instituts für 1879
- Stockholm University, Bolin Centre for Climate Research : Raw individual temperature observations
- KNMI : « Antieke waarnemingen »
- Kachelmann Wetter : Messwerte & Klimadaten mit Archiv ab dem Jahr 1781
- Keraunos : « Décembre 1879 : quelques orages malgré un mois glacial »
- Michel Beaurepaire : « L’observation thermique de l’atmosphère en France et dans les pays proches aux XVIIe et XVIIIe siècle »
- La France pittoresque
- KBR BelgicaPress
- BnF Gallica : « Les principaux quotidiens »
- BnF Gallica : « La presse locale et régionale »
- La catastrophe du pont de la Tay, 28 décembre 1879, par Jean Grillot
- Région de Bruxelles-Capitale, inventaire du patrimoine mobilier
- AbeBooks
- Enjoy Impressionism! (impressionism.nl)
- Winterschilderijen (winterschilderijen.nl)
- Arts Dot
- Tomaselli Collection

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